On est là !
Le 17 novembre 2018, des centaines de milliers de personnesse sont rassemblés pour dénoncer une nouvelle hausse de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) créant ainsi le mouvement des Gilets Jaunes.
Cet élan a vu monter à l’assaut une partie du peuple, appuyée par une très grande majorité de Français. Ce jour là, plus d’un demi-million de citoyens était réparti dans plus de 3000 points de manifestations, selon les chiffres officiels.
Pendant des semaines, des milliers de ronds points et de péages ont été pris
d’assaut. Le siège du porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a été
forcé pour remplir une promesse de manifestation : aller les chercher chez eux.
De la moindre bourgade jusqu’au plus célèbre lieu parisien, nous avons quadrillé la France.
Pendant des mois, nous avons été dans toutes les têtes, dans toutes les bouches, nous avons fait la une de tous les journaux, en France comme à l’étranger. Le calendrier présidentiel a été modifié, la panique s’est installée dans les sommets de l’État, et un grand débat a dû être organisé pour tenter de juguler notre mobilisation.
Nous n’étions pas invités, nous sommes rentrés dans l’Histoire avec fracas.
Presque deux ans après, un constat s’impose : malgré tout ce que l’on a dû subir, malgré les difficultés, les coups, les insultes, le mépris d’une poignée de dirigeants de notre pays, les Gilets Jaunes sont toujours là !
En effet, si le point de départ fut une taxe de trop sur le carburant, qui allait frapper les plus démunis, tous les maux de notre société sont remontés à la surface : la misère sociale, la perte de son travail, l’emploi précaire, les retraites de misère, la décomposition sociale de certains quartiers, la disparition des services publics, les difficultés pour vêtir et nourrir nos enfants qui sont la chair de notre chair, ou encore voir nos parents terminer leur existence dans la pauvreté… alors qu’à l’autre bout de la pyramide : homards et champagne, les rapports étroits entre milieux financiers et les politiciens, l’influence en tout genre, les lobbys.
Si Macron a été la cible de notre mouvement, c’est bien contre l’ensemble des politiques menées ces dernières décennies que nous nous sommes levés.
Ces problèmes n’ont pas disparu. Au contraire, le gouvernement lui-même annonce une explosion du chômage et des plans de licenciement tombent tous les jours… même les personnels hospitaliers, pourtant aux premières loges de la crise de la Covid et applaudis tous les soirs, n’ont pas obtenu ce qu’ils voulaient. Les restructurations d’hôpitaux, la pression aux résultats, la désertification de régions entières, tout cela va continuer sous Macron !
Macron n’a pas renoncé à continuer sa politique, nous ne renoncerons pas non plus.
Contre la répression.
La seule et unique réponse au cri de tout un peuple a été, très rapidement, de déclencher la répression contre notre mouvement. Cette répression n’est pas tombée du ciel et n’a pas été organisée par les préfectures de leur propre chef : c’est Castaner et Macron qui en sont responsables, de même que tous ceux qui en ont été les complices.
Complices les dirigeants des syndicats (que nous ne confondons pas avec les syndicalistes honnêtes) qui ont rédigé un communiqué au siège de la CFDT le 6 décembre 2018 pour dénoncer « toutes formes de violences dans l’expression des revendications » ! Honte à eux dans leurs bureaux !
Complice l’essentiel de la classe politique (à de rares exceptions près) qui a emboîté le pas de cette campagne préparant notre répression !
Complices quand ils ont instrumentalisé l’antisémitisme pour organiser des manifestations le 19 février 2019, pour faire ovationner les préfectures dans leur œuvre de répression !
Complices les médias aux ordres (que nous ne confondons pas non plus avec les journalistes qui font leur métier) qui ont distillé avec malice les calomnies contre notre mouvement et préparé les esprits des bobos à la répression sanglante !
Le résultat de la répression est connu : 2500 blessés, 25 yeux crevés, 5 mains arrachées, des dizaines de milliers de gardes à vue, 3000 condamnés dont plus d’un millier en prison. A cela, il faut rajouter 11 morts collatéraux, qui ont payé le prix du climat de répression dont est responsable d’abord et avant tout le gouvernement Macron et Castaner.
Nous continuerons donc à dénoncer cette répression qui montre le vrai visage de l’État, nous désignons toujours le gouvernement comme responsable, lui qui tente de se défausser en faisant retomber les violences sur les forces de l’ordre, comme si elles avaient agi sans ordres du gouvernement. Ils devront rendre des comptes pour cela.
Pour des mesures en faveur de la majorité du peuple, pour la jeunesse !
Notre combat a commencé pour dénoncer l’injustice d’une taxe. Il s’est poursuivi pour dénoncer de nombreuses autres injustices, qui ont longtemps été mises sous le tapis par les médias et la classe politique derrière qui se cachent les puissances d’argent qui dictent leurs intérêts particuliers. Aussi, nous estimons que chacun doit pouvoir vivre décemment. Comme cela a été dit un peu partout :
- les petits artisans doivent pouvoir vivre de leur travail, sans être accablés de charges ! Respectons la devise des droits de l’Homme : « une contribution commune est indispensable : elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés. (art.13) ». Justice fiscale pour tous !
- notre jeunesse doit pouvoir faire des études dans de bonnes conditions et obtenir un diplôme reconnu, et avoir un travail non précaire.
- les anciens doivent avoir une retraite qui leur permette de vivre, après une vie de labeur. Non à la retraites à points, retrait de cette réforme de répartition de la misère !
- tout le monde, quel que soit son lieu d’habitation, doit avoir accès aux mêmes droits : la santé, la justice, la poste, l’école, l’électricité, l’eau, la voirie, les transports etc. Égalité sur le territoire : une République pour tous !
Nous devons avoir des modes de production qui garantissent à tous des produits utiles, non nuisibles et durables.
Si au 21ème siècle, on est capable d’envoyer des robots sur Mars, alors on doit être capable de défendre l’industrie, les emplois, et garantir un travail et une retraite décente pour tous et toutes !
S’il faut pour cela nationaliser et exproprier des groupes financiers, alors faisons-le !
Pour conquérir la démocratie ! Le RIC et en finir avec les présentes institutions.
Nous n’avons que faire de ce cirque électoral que l’on appelle élections présidentielles. Une fois tous les 5 ans, les médias et les grands appareils se disposent pour nous donner un non choix. Nous ne voulons plus de cette 5ème république toxique, avec ses hommes de main, ses lobbyistes, ses spécialistes et ses laquais.
Nous voulons gagner la démocratie.
Le RIC doit nous permettre d’organiser des référendums sur les lois que nous estimons importantes. Mais au-delà, c’est toute l’architecture de cet État qu’il faut revoir de fond en comble, faire place nette et créer de nouvelles institutions qui soient les nôtres.
A ceux qui nous disent que rien ne pourra bouger, nous rappelons que la Révolution française, c’est le peuple qui l’a faite, de même que la Résistance puis la Libération.
Les heures les plus sombres ont été écrites par ceux d’en haut, mais les heures lumineuses de notre pays, c’est le peuple d’en bas qui en est l’artisan. Nous sommes les sans-culottes des temps modernes !
Nous disons donc : le RIC contre la Cinquième République ! La démocratie enfin ! Place au peuple, nous voulons nous réapproprier la démocratie et le contrôle de notre avenir !
La convergence
Nous sommes Gilets Jaunes. Nous avons notre histoire. Nous avons vécu des grands moments de solidarité qui resteront à jamais gravés dans nos mémoires. Qui d’autre que nous peut se vanter d’avoir vécu autant d’événements, d’avoir connu autant de soutien populaire et d’avoir déclenché autant d’hostilité auprès des puissants ?
Mais le fait que nous ayons notre identité ne ne doit pas nous faire oublier que nous sommes avant tout « des citoyens ayant enfilé un gilet jaune » devenu depuis le symbole de toutes les luttes pour la justice : sociale, démocratique, écologique, économique … C’est ainsi que, naturellement, spontanément nous avons rejoint les combats que nous estimions justes. Sans avoir à nous concerter, nous nous sommes retrouvés avec les travailleurs en lutte pour leurs droits, car nous sommes aussi ce combat. On a même vu de nombreux gilets jaunes dans les assemblées générales de travailleurs.
Nous avons aussi soutenu les combats citoyens avec la jeunesse pour le climat. Sans tomber dans le panneau de l’écologie sauce Macron, paravent pour bonne conscience dans le but de faire oublier les vrais problèmes. Les questions relatives à l’environnement, la biodiversité et la qualité de vie sont également nos combats.
La convergence a eu lieu à plusieurs reprises, car on ne peut dissocier tous ces combats de nos buts finaux. Nous continuerons en ce sens !
Nous ajoutons que si nous avons de la sympathie pour les syndicalistes et les syndicats de base, nous n’avons en revanche pas confiance dans les dirigeants des sommets qui nous ont lâché au moment où nous avions le plus besoin de soutien, au moment où les matraques et les LBD s’abattaient contre nous, et qui programment une journée d’action chaque mois pour éviter d’aider à la grève générale.
Préparons la suite, organisons-nous !
La force des gilets jaunes est d’avoir remis en question le cadre habituel des luttes en imposant des modes d’action autonomes.
Rien n’est terminé. Notre mouvement a changé, mais les gens qui se sont levés sont toujours là. Personne n’est satisfait de la situation, aussi nous avons le devoir de préparer la suite. Partout où Macron passe, des Gilets Jaunes sont là pour se rappeler à son bon souvenir.
De nouvelles mobilisations vont avoir lieu, même si toutes les dates ne sont pas connues. Les Gilets Jaunes sont maintenant une référence, et nous sommes incontournables. Nous sommes écoutés quand nous décidons de nous exprimer.
Cela nécessite de nous organiser pour nous préparer.
Nous avons appris le combat, la lutte, nous avons rédigé des tracts, fait des affiches, nous avons réfléchi.
Nous ne sommes pas des professionnels de la politique, mais nous sommes le nombre. Organisons notre force.
Nos décisions.
Décision 1
Nous mandatons un comité régional de coordination pour préparer une seconde édition de cette AG GJ dans un délai de 5 mois. Cette seconde AG sera préparée dans la même philosophie que la première : respectueuse du cadre des GJ, de leur diversité, en cherchant à rassembler sur l’essentiel, organisée de manière démocratique. Le comité régional sera composé de volontaires pour remplir le mandat donné, et devra rendre compte devant la prochaine AG.
Décision 2
Nous mandatons le comité pour organiser une école populaire GJ de formation, faites par et pour les GJ, mais ouverte à tout citoyen curieux d’apprendre. Cette école servira un but : aider de manière simple à comprendre certains problèmes, pour mieux comprendre ceux que nous combattons.
En effet, l’économie, les rouages de l’État, l’histoire populaire, ne doivent plus être réservés à ceux qui nous dirigent, mais doivent être des outils de notre émancipation. Les thèmes et le format seront décidés par le comité selon des demandes.
Décision 3
Nous décidons de nous organiser partout où cela est possible, de nous structurer en groupe locaux, dont la forme sera décidée par les acteurs des groupes eux-mêmes en totale liberté.
Décision 4
Nous décidons de faire connaître le présent texte à l’ensemble de la population de notre Région par tous les canaux possibles (impression en masse, réseaux sociaux, mails etc) afin de faire connaître notre voix et d’en discuter largement.
Décision n° 5
Aucun membre du comité organisateur de la prochaine réunion AG ne devra utiliser sa position pour promouvoir ou légitimer un quelconque candidat en campagne ou en précampagne électorale, de quelque bord que ce soit, de gauche comme de droite, et à quelque élection que ce soit.
Au contraire, chaque membre mandate le comité pour revenir à l’origine de notre mouvement : garantir le respect de la diversité à la base, et chacun étant libre de faire ce qu’il veut en dehors de notre mouvement.
L’AG ne devra pas être le lieu de règlement de compte ou de tentative de radicalisation à marche forcée, pas plus que d’appel à la haine.
Nous mandatons le comité pour chercher à souder sur ce qui uni et à écarter ce qui nous divise. Ainsi, tout le monde aura sa place dans ces AG sans avoir à se justifier de ce qu’il vote.
Pousser à la division et chercher à nous opposer sert justement les intérêts de ce gouvernement et ne peut aider notre combat.
Le fait de mélanger les couleurs n’empêche pas le Soleil de briller d’un beau jaune vif.
le 19 septembre 2020
ADOPTE
Texte : 83 POUR 11 CONTRE 7 ABSTENTIONS
Décision 1 : 103 POUR 0 CONTRE 4 ABSTENTIONS
Décision 2 : 82 POUR 21 CONTRE 2 ABSTENTIONS
Décision 3 : 95 POUR 0 CONTRE 1 ABSTENTIONS
Décision 4 : 93 POUR 3 CONTRE 3 ABSTENTIONS
Décision 5 : 99 POUR 0 CONTRE 3 ABSTENTIONS